Confessions d'un imbécile

Journal d'un Parisien trentenaire

mercredi, mars 21, 2007

LA FEMME PARFAITE ? 4/4


Suite et fin ?

J’ai retrouvé Aurélie à 10H00 tapante en face d’Opéra. Je n’avais pas dormi de la nuit mais j’allais me rattraper et m’endormir partout où c’était possible: bus, aérogare, avion, train.

Arrivés à Rome nous nous sommes présentés en couple dépareillé et à moitié ensommeillé chez François et Valérie, des amis qui, ex-expatriés en Asie du Sud-Est, sont tombés follement amoureux de Rome et s’y sont installés avec Philomène, leur fille de 9 mois. Valérie confessera d’ailleurs à la fin du séjour qu’elle nous a trouvé très distants comme couple. Elle n’avait vraiment pas de mérite tellement j’étais loin. Très loin.

Pendant les jours qui suivirent, jamais les pleurs de Philomène ni la présence d’Aurélie dans le futon ne troublèrent mon sommeil profond et lorsque j’avais les yeux ouverts mon accompagnatrice me fit quelques fois cette remarque : " Ca va ? Tu as l’air absent ".
Effectivement durant 3 jours, mon horloge interne était restée bloquée sur dimanche vers 3H33 du matin.
Le 4ème jour, soit le mercredi, mon humeur était redevenue égale mais à partir du jeudi Aurélie a commencé à m‘insupporter en rentrant désormais dans une logique de conflit systématique et en tentant de diriger de plus en plus la manœuvre question tourisme.
Etait elle vexée de mon attitude des premiers jours ? Certainement. Aussi, me sentant un peu coupable, je décidais de la jouer profil bas mais entre elle et moi les périodes de quartier libre allaient se multiplier notamment à Bologne où nous étions revenus à partir du vendredi.

Ainsi le samedi, alors que j’allais déjeuner seul dans une trattoria et je décidais de célébrer à ma manière l’hebdoversaire de ma rencontre avec " la Femme ", qui n’était pas si parfaite car en fait je lui avais trouvé au moins 2 défauts : mariée (avec un autre que moi s’entend) et infidèle. Mais la combinaison de ces 2 défauts ne me dérangeait guère….
Je trouvais donc un stylo, arrachait une page d’un magazine et me mettait à gratter le papier:
" Je t’écris quelques lignes pour te raconter une semaine Italienne, passée entre Rome et Bologne, et pour te laisser deviner ce qu’il va advenir du poulet-frite.
Tout d’abord je reconnais que tu as raison concernant Rome et la magie que peut dégager cette ville. Tout ici semble pousser à l’exaltation et à la déclaration amoureuse : les formes des pattes, le coucher de soleil en haut du Castel San Angelo, les ruelles du Rione Monti, les temples d’Aphrodite et le Mont de Vénus, les baignoires de la Piazza di Spagna, lo Ratti do Sabini, les petits seins de Paolina Borghese, qui pourtant n’avait pas d’ancêtres chinois.
Seulement, n’étant amoureux que de Rome et pas de ma compagne, je n’ai rien exprimé. J’ai même trouvé un peu frustrant de ne pas pouvoir exploiter un tel environnement pour laisser courir mon cœur et j’ai baissé le rideau de fer au fur et à mesure que la semaine passait.
Pas question donc d’aller déclarer ma flamme au sommet du Monte Mario cette fois-ci. D’ailleurs on me l’a déconseillé car en haut il n’y avait, parait-il, pas de point de vue. Rien qu’un Hilton et une base militaire. La belle affaire ?
Pas question non plus de faire escale en Toscane, sur le chemin du retour, dans un village charmeur à l’ombre d’une tour penchée du XVème siècle. Trop difficile. Le voyage Toscan en amoureux a donc été reporté sine die.
A la place un trajet en train direction Bologne, ses twin-towers, ses palais en briques, ses tortellini romagnols, ses osteria et ses étudiants anarchistes. J’ai d’ailleurs passé ma dernière soirée là-bas à discuter avec un chercheur en sociologie d’une quarantaine d’années de l’intégration de l’immigration dans l’Italie du XXIème siècle avant de rejoindre mon letto gemello. Parfaite conclusion de la journée Bolognaise et de ma semaine italienne.
Donc je pense que tu as conclu toi-même : tu as perdu ton pari.
Mais je voulais te dire aussi qu’à partir du moment où tu as fait un stop dans le 14ème arrondissement, ce pari s’engageait mal pour toi. Pour m’expliquer rapidement et sans rentrer dans les détails, je dirais qu’il m’était très difficile, après une nuit de Mozart live, de passer une semaine à n’écouter que du Richard Clayderman…surtout sans avoir dormi une minute pour essayer de faire une sorte de transition.
J’espère donc te revoir un de ces jours pour un poulet-frite, un concerto ou une petite musique de chambre, piu forte ma non troppo.
Au choix…
"
Je range ce résumé de ma semaine dans la poche arrière de mon jean et le lendemain nous prenons l’avion du retour.

De retour à Paris, je téléphone à Marine car, comme un couillon, je n’avais aucun moyen de contacter Sofia à qui je souhaitais envoyer ma prose. Marine décroche. Elle est en train de skier en Pologne, en toute simplicité, et m’annonce, radieuse, qu’elle est follement amoureuse de son pianiste, que la vie est géniale et qu’elle transmettra ma requête vers la capitale Anglaise.

Le lendemain matin, je suis en formation à l’ENST Paris sur " L’application de l’induction électromagnétique à la technologie de la carte à puce sans contact ". Et comme on est en fin de matinée et comme le titre de la formation l’indique je suis en train de m’endormir.
Une vibration m’extrait de ma torpeur. Je viens de recevoir un SMS … d’Angleterre. " Tu me cherches ? ". Je joue au naïf et au teenager et je réponds " Céki ? ". La réponse tombe rapidement : " Quelqu’un qui te doit un poulet-frite ". Je souris. Je relève la tête. Perdu !
La jeune professeur, plutôt mignonne malgré son tailleur rose fuschia et une moustache ostentatoire, agrégée de physique soit dit en passant, est plantée devant moi et elle vient de détecter mon manège. Y’a pas à dire, d’une part je l’ai vraiment joué à l’adolescent qui dragouille en cours et d’autre part les jeunes profs se sont bien adaptés à l’évolution de certaines technologies.
Bon, j’ai l’air un peu bête et je range mon mobile mais ce n’est que partie remise car cet après-midi je ne me la joue plus teenager mais étudiant INT : je fais sécher les 3 heures de formation.
Sitôt après déjeuner j’appelle Sofia. Elle est chez elle. Je me réfugie dans le hall d’un cinéma. Je suis extrêmement nerveux et carrément nul et crispé au téléphone. Elle me pose des questions sur Rome. Je ne lui donne pas de réponses mais je lui indique que j’ai déjà tout écrit et qu’il me faut son adresse e-mail.
Elle me la communique et de retour chez moi je lui envoie un courriel, auquel elle répondra ceci quelques jours plus tard :
" J'ai donc perdu mon pari a cause d'une promenade nocturne Parisienne et je suis désolée que tu n'aies pu laisser s'exprimer le cri de ton coeur au son de la Fontana di Trevi (ni d'ailleurs du Monte Mario... c'est une belle affaire, je te l'assure, il suffit néanmoins de savoir ou se placer pour la vivre). Désolée aussi pour la flamme d'un coeur qui s'est éteinte et beaucoup pour cette ville que j'imaginais magique, capable de faire repartir une certaine envie vers une nouvelle passion à travers toutes ces choses qu'elle nous fait vivre alors qu'on se laisse perdre dans ses ruelles infinies, remplies d'anciens paliers qui invitent le baiser vole et le toucher inattendu, son histoire parfois cruelle et ses déclarations si souvent irrationnelles.
Mais ce n'est la qu'une désolation causée en partie par le désir de l'idéal et une imagination méditerranéenne. Et si nous en venons à parler de poulet-frite et de promenade nocturne, alors je dois t'avouer que cette perte d'idéal pourrait se laisser assoupir pour un instant a l'idée d'une âme retrouvée, quelque peu affamée de choses simples mais délicieuses.
Sofia
"


Bref, c’est le genre de message qu’on savoure en le relisant 5 ou 6 fois, histoire d’être bien sûr d’en avoir saisi toutes les nuances. Ces propos ont un arrière-goût de nos conversations nocturnes même si je suis surpris qu’elle ait autant fantasmé sur la sentimentalité liée à mon périple Italien. Je la retrouve l’espace de 13 lignes.
Bien sur ma réponse est la suivante : je veux être ton fournisseur en choses simples et délicieuses.
En retour je reçois un SMS qui dit la chose suivante : " L’âme retrouvée c’est la tienne. Merci pour l’offre. A revoir lors de mon prochain passage à Paris. "
Nous sommes désormais début avril et depuis quelques semaines, aucune nouvelle de la belle. J’ai écrit ces quelques pages, histoire de me nettoyer le cerveau comme j’avais peut-être déjà tenté de le faire dans la Trattoria Bolognaise.

Durant cette période j’ai aussi nettoyé ma vie de ces quelques histoires médiocres dans lesquelles je m’étais lancé sans conviction. Exit donc Sophie, Aurélie.

Aujourd’hui j’aspire à vivre une histoire d’amour forte avec une femme qui me fasse rêver.

Avec Sofia, avec La Femme ou avec une autre.


1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

J'ai fait une petite pause entre deux saillies littéraires, et je me suis dis tiens, pourquoi ne pas explorer un peu la confession de cet imbécile?
J'ai bien fait d'attendre un peu de mieux te connaitre pour lire ta prose. Et malgré toute l'amitié que j'ai pour toi, il y a une chose que je ne comprends vraiment pas dans cet épisode de ta vie: pourquoi un poulet frites ???
Tophe

11:47 PM  

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