LA FEMME PARFAITE ? 3/4
Sofia
Je suis donc prisonnier du Cabaret alors qu’il est a priori si facile d’en sortir, un peu comme dans le film " Clubbed to death".
Plutôt bien décidé à continuer de m’arsouiller je retraverse la piste de danse pour me diriger vers le bar et j’aperçois Sofia en train de danser, très sensuellement, dans une transe douce, sans doute un peu ivre elle aussi. Je m’arrête, danse brièvement à coté d’elle et puis je lui dis que je vais prendre un verre au bar. Elle me répond : " Je t’invite. ". Je ne cherche même pas à résister à une telle offre !
Arrivé au bar elle me demande ce que je prends. Je dis " Gin-tonic ". Je pense qu’avec le Pouilly, la bière, le whisky-coke et la vodka-tonic ça fera un chouette mélange. Elle me répond : " T’es fou ! Fais pas ça ! Ca rend dépressif !". " Ah bon ? Ben, un cuba-libre alors ". De toute façon j’avais pas encore essayé le rhum ce soir.
J’ai ben aimé cette répartie inattendue et tellement appropriée à une conversation de zinc. Je suis assurément sous le charme et nous trinquons. Sofia propose le toast :
- A ton futur mariage !
- Pardon ?
- Ben, oui tu vas te marier en revenant d’Italie. C’est sur. Je te l’ai déjà dit c’est tellement romantique que tu ne pourras pas résister et si Roma ne suffit pas, ce qui m’étonnerait, pars donc faire un tour en Toscane. C’est juste à côté.
- T’en es vraiment sure ?
- Certaine ! "
Je bois une gorgée de Cuba-Libre, elle m’offre une cigarette, que je prends. Mes mains tremblent. Je me lance quand même.
" - Donc, je lui dis, si tes prévisions sont exactes et comme je pars demain matin, ce soir c’est ma dernière soirée de célibataire.
- Très certainement, murmure t’elle
- C’est dommage il y a tant de choses que je n’ai jamais faites et notamment une …
- Laquelle ?
- Je n’ai jamais embrassé de femme mariée. Enfin pas que je sache …
Rires de la Belle ; elle rétorque, sourire charmeur, au coin des lèvres :
- Tu penses à Helena, la belle Russe ?
- Non à toi. "
Je me rapproche. Elle ne s’éloigne pas et je comble les 14 cm de distance quasi-horizontale qui séparent nos lèvres. C’est un joli baiser très sensuel et très adolescent aussi vu qu’on est en boîte au milieu de 500 personnes. Le contact est établi.
Nous sommes très prêts l’un de l’autre. La discussion se poursuit. Nous nous embrassons à nouveau. Je m’enhardis. Toujours plus.
" Sofia, je t’invite à venir chez moi. Helena avait 5mn pour se décider à faire Los Angeles-Miami avec son virtuose. J’habite dans le XVème. C’est moins loin. Donc tu as 10 secondes pour te décider. "
Elle proteste. 10 secondes c’est trop court. Elle veut 5mn de réflexion elle aussi. Accordées. Nous rions de mes méthodes expéditives de dragueur style Macumba Night. Puis elle fouille ses poches et en ressort un papier froissé et me demande : " C’est un ticket de vestiaire, non ? ".
Yessssss ! Je m’occupe de l’intendance, récupère sa veste en jean et mon perfecto tout neuf et nous voilà dehors. Je tente de héler un taxi mais Sofia m’arrête : elle veut marcher.
Nous nous éloignons du Cabaret, côte à côte, en continuant à parler. Surtout moi. Je suis nerveux. Je lui parle du Louvre, du Carrousel, du Quadrige de la place St Marc au fur et mesure que nous passons devant ces monuments. Puis nous longeons la Seine. Elle me mime une ou deux prises de self-defense et je l’entraîne par-dessus la Seine sur une passerelle que je crois être la passerelle St André des Arts (en fait je m’apercevrai 3 semaines plus tard que je me suis planté de passerelle. C’est pas grave.). Au milieu du pont nous nous arrêtons. Nous admirons les monuments qui nous entourent et nous nous enlaçons. Les mains s’égarent sous les pulls. Elle m’explique que le toucher est la sensation la plus agréable et la plus importante et je suis à 100% sur la même longueur d’onde. C’est un moment de pur bonheur. Plus que l’impression de poser ma main sur la lune, j’ai l’impression de poser pour Doisneau. C’est en effet un sacré cliché ce que je raconte là mais je crois que c’est mon plus beau baiser parisien, loin devant un premier baiser échangé il y a quelques années, au " Merle Moqueur " un bar de la Butte aux Cailles, avec " Au Nord c’était les chorons " en fond musical.
Après ces quelques minutes de pose extatique nous redémarrons. Je la convaincs d’intercepter un taxi. Dans le véhicule, nouvel épisode intéressant. Elle me parle de " L’insoutenable légèreté de l’être " son roman favori. Mon roman fétiche c’est " La plaisanterie " du même auteur. On passe le trajet à parler de Kundera. Un petit interlude cérébral dans la soirée.
6 rue François Mouthon. Nous sommes rendus chez moi. Elle trouve que l’appartement a du charme comme tous les vieux apparts parisiens et s’installe dans le canapé. Je pars chercher 2 flûtes, pour la musique de chambre et une bouteille de champagne dans le frigo, rescapée d’un apéro avorté.
Elle est ravie de ma trouvaille, le bouchon saute, nous portons un toast, nous nous enlaçons à nouveau et au bout de quelques minutes elle me demande si j’ai un lit.
Il est 3H30.
Arrivés dans la chambre les vêtements volent assez rapidement. Je n’avais même pas remarqué qu’elle ne portait pas de soutien-gorge. C’est dire mon trouble ! Elle a un corps superbe. Mince, athlétique et très féminin en même temps. Elle a une peau très fine, tatouée d’une rose au niveau de l’aine. Elle veut que je ferme les yeux pour me focaliser sur le toucher. Je transige et nous éteignons la lampe de chevet.
S’en suivra un orgasme total et long. Hyper-agréable. Une complicité inimaginable de la part d’une personne que je connais depuis à peine quelques heures.
Les étreintes se poursuivront à plusieurs reprises. Durant les pauses nous discutons. Elle me parle de l’Italie, des minets Romains, de ses 8 frères et sœurs ( ?), de sa mère Chinoise et par enchaînement logique de ses petits seins preuve de ses origines chinoises. Elle me dit qu’elle n’est pas mariée. Je m’étonne. Non c’est une blague. Elle me parle de son job d’avocat d’affaire chez Ashurst qu’elle a quitté par dégoût du capitalisme à l’anglaise. Elle est très vive et intelligente. Elle s’attaque à la psycho maintenant. Me parle du complexe de supériorité phallique des hommes et se gratte la tête. Je lui demande si elle sait pourquoi elle se gratte la tête. Elle me regarde étonnée et me dit que non. Je lui réponds que c’est parce qu’elle n’a pas de couilles.
Aïe. J’ai merdé…
Pas du tout. Elle éclate de rire et me dit " Pas mal pour 5H00 du mat’ !!". Elle m’embrasse, se jette sur moi et m’entraîne par terre. Elle veut faire l’amour sur le plancher. Là je ne suis pas trop d’accord et manifeste mon opposition en débandant … pour la 1ère fois depuis 4 heures. La raison : ça fait mal aux genoux et la voisine du dessous est une dame qui a la cinquantaine qui a sa chambre juste en dessous de la mienne et qui vient de perdre son mari. Elle m’a déjà demandé de faire moins de bruit il y a quelques mois. Je me sens un peu coupable et j’explique la raison de mon désintérêt à Sofia, en omettant bien sur la partie relative au mal de genou.
Elle se jette dans mes bras, en se me serrant affectueusement et en me disant que c’est bien d’être attentif. Elle m’explique que son père est mort il y a 7 ans et que ça mère a toujours du mal à trouver le sommeil. Elle est triste et retient une larme dans mes bras.
C’est incroyable toute la palette d’émotions que nous pouvons ressentir en une seule nuit. Nous refaisons l’amour de manière très intense et nous reposons allongés mais toujours éveillés.
Il est près de 6H00, le jour se lève annonçant la fin de la balade et amenant ainsi une certaine tension. Je prends conscience que tout ceci est en train de finir et, dépité, je lance une banalité : " Tout ça est à la fois très bien et très mal fait.".
Elle se retourne vers moi et me répond doucement : " Il faut que tu m’oublies ".
Ne plus la revoir à la rigueur, mais l’oublier serait impensable voire inimaginable. Je lui explique donc qu’il est hors de question que je fasse un reset mémoire. Elle essaie de me convaincre du contraire puis renonce assez rapidement.
Mais cette perspective de séparation dans quelques heures voire quelques minutes m’affecte de plus en plus au fur et à mesure que les minutes s’égrènent. La fatigue me gagne progressivement en même temps que la nervosité. Je commence à raconter des choses débiles, à inventer un système qui ne fonctionnera jamais pour s’échanger clandestinement des e-mails. J’étais même à 2 doigts de lui dire que j’avais déjà voté communiste.
La nervosité étant communicative, toutes les 10mn elle me fait part de son projet de départ imminent.
A posteriori, je pense que ce type de scenario est un grand classique des " one night stand " et donc comme on pouvait s’y attendre Sofia se met en branle vers 7H30.
Son départ s’effectue très rapidement. Une douche rapide. Pas de café. Des vêtements rapidement enfilés.
Mais toujours, malgré la fébrilité du départ, je remarque ses gestes gracieux, ses sourires fatigués et surtout le tranchant de ses réparties malgré l’heure matinale. Par exemple alors qu’elle se rhabille elle me lance charmeuse : " T’es bizarre comme type, je portais un string et t’as rien remarqué. "
Tout juste ! J’étais tellement fasciné par cette fille que je n’avais même pas remarqué qu’elle ne portait pas de soutif et a fortiori j’étais loin de m’apercevoir de quoi que ce soit concernant le string.
Ca ne faisait que confirmer ce que je pensais. C’était bien elle la femme parfaite puisqu’elle portait un string.
J’ai à peine le temps d’achever cette pensée très profonde qu’elle est déjà sur le pas de ma porte.
Juste le temps de sortir sur le paillasson dans un caleçon défoncé motifs treillis, de lui donner un bouquin (" confession sexuelle d’un anonyme russe " référence à une de nos discussions de la nuit concernant Helena et la sexualité chez les soviets), de nous étreindre et nous embrasser une dernière fois avant de la voir disparaître dans les escaliers en me faisant signe de la main.
Je referme la porte.
C’est fini.
Je réalise à peine ce qui vient de m’arriver mais je sais que je viens de vivre un des meilleurs moments de mon existence.
Je l’ai rencontrée.
Je n’ai plus sommeil. Ca tombe bien, dans 2 heures je dois prendre un bus du côté d’Opéra…
A suivre…
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